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Les empreintes conscientes et inconscientes

Dernière mise à jour : 22 mars

Peur d'oublier votre proche décédé, vous y croyez vraiment?


le deuil: contre la peur d'oublier, les empreintes conscientes et inconscientes
Crédit photo Federica Giacommazzi

« J’ai l’impression de l’oublier et ça me fait peur ! »

Voilà l’une des plus grandes craintes des endeuillés qui les fait résister au processus de deuil. Or, ce processus vous invite à vous souvenirs, à identifier  votre « héritage » et à choisir ce que vous conservez.


Pourquoi ? pour apprendre à vivre sans votre proche disparu tout en  transformant la relation que vous aviez en une présence intérieure.


Comment ?  en marchant sur les empreintes conscientes de la relation et en découvrant l’existence d’empreintes inconscientes, ces expériences inscrites en vous presque à votre insu et qui, à tout moment, peuvent resurgir et nourrir le lien de connexion avec votre proche.


Les empreintes conscientes

Nous avons tous des souvenirs évidents des traits de personnalité de notre proche et des moments partagés avec lui/elle.  Au-delà du simple souvenir, la relation nous a influencé, orienté, parfois même façonné et nous a ainsi marqué de son empreinte. Nous portons cette empreinte en nous et la mort de notre proche ne l’emporte pas avec elle.


Ces empreintes nous rappellent non seulement qui étaient nos proches, mais aussi leurs influences sur nos vies. En nous remémorant ces souvenirs, nous ancrons ces empreintes. Elles peuvent apporter du réconfort et de la connexion dans les moments où nous nous sentons seuls, dans le manque de l’autre ou perdus.


Aux côtes de ces empreintes conscientes, il y a tout ce que l’on ne conscientise pas toujours : les croyances, les schémas comportementaux et les valeurs que nous avons absorbés de manière inconsciente dans nos interactions avec lui/elle et qui influencent  notre façon de penser, de ressentir et d'agir, parfois sans même que nous en soyons conscients. Mais ce ne sont pas celles-ci qui nous intéressent dans cet article. Nous mettons en lumière les actrices inattendues de l’ombre.


Les empreintes inconscientes

Vous vous demandez comment votre proche vous a « marqué » si  son « empreinte » est inconsciente ?


Et bien parce qu’un jour, un déclencheur imprévisible  bouscule la donne entre conscient et inconscient !


Vous souvenez-vous de « la madeleine de Proust » ? Voilà, dans le contexte particulier du deuil,  ce sont ces moments du quotidien où un détail sensoriel, souvent un goût, une odeur, un mouvement, un regard ou un son réactive  des souvenirs et des impressions liés à nos proches décédés, même si nous ne sommes pas conscients de leur origine immédiate.


De bonnes illustrations valant mieux que les mots, allons-y !


Lors de mon dernier séjour à Lyon, ma ville d’origine, j’avais un rendez-vous à la Croix-Rousse. En y arrivant, je me sens immédiatement bien, légère et d’un coup, je souris…. Ce sont les visages de mes grands-parents décédés qui viennent à ma rencontre ! Comme s’ils déambulaient encore dans cet ancien quartier d’émigrés italiens (entre autre) où ils ont vécu à leur arrivée en France. Ce quartier, c’est la première fois que j’y viens et pourtant son nom m’est familier. Je l’ai entendu souvent. Et là, je découvre un quartier devenu un lieu de vie bobo comme je les adore, où plane le voile de la présence de mes grands-parents. Je me sens reliée à eux, à mon histoire, à toute cette vie avant moi. Et je me sens vivante !... Une vie réveillée jusque dans mes envies de m’imprégner des odeurs, du goût des brioches pralinées, du frôlement de l’air sur mon visage, de la douceur des rayons de ce soleil hivernal. Ce moment est devenu souvenir et une nouvelle empreinte consciente de ma relation avec mes grands-parents. Parce que oui, malgré leur absence physique, ils étaient là, autrement, et que ce moment a encore fait grandir leur présence en moi.


Quelques jours après, en retraite dans un temple bouddhiste et pendant le Samou, le travail collaboratif, je vide une brouette remplie de feuilles mortes, en lui impulsant quelques petites secousses. Le temps de quelques secondes, je me demande d’où me vient ce geste. Tel un surgissement des tréfonds de mon être, je revois mon père effectué ce même geste dans note jardin d’antan. Après un instant d’étonnement, une  vague de douceur et un sentiment profond de lien indélébile et éternel avec lui s’installe en moi. Au même moment, je me sens à la fois remplie de cette force de vie transmise de génération en génération et connectée au vivant en moi et autour de moi.


Je me sens encore en gratitude pour ces héritages insoupçonnés déposés au coeur de mon être.


Je remarque que ces empreintes inconscientes se révèlent dans les moments de vide, d’espace et de déconnexion des agitations du quotidien.


Ces "madeleines de Proust" sont des manifestations puissantes des empreintes inconscientes laissées par les personnes décédées. Elles révèlent comment les expériences, les interactions et les moments partagés avec nos proches continuent à résonner en nous, même lorsque nous ne sommes pas activement conscients de leur influence.


Nous avons tous ces richesses enfouies qui attendent, « tapies dans l’ombre », de surgir, lorsque l’on s’y attend le moins, pour nous raconter notre histoire, l’enrichir et l’inscrire dans celle de notre famille et, bien plus encore, dans l’histoire de l’humanité.


Alors, vous voyez, vous pouvez rassurer cette peur d’oublier en lui murmurant à l’oreille que c’est en desserrant son étau, en « laissant passer » les souvenirs enfouis, en reconnectant avec les empreintes conscientes et inconscientes que la présence de votre absent s’installera en vous, pour l’éternité.


Et vous, quelles sont vos "madeleines de Proust", vos empreintes et votre héritage invisible?


C’est ce chemin de mémoire que le processus de deuil vous invite à accueillir, à bras ouverts.




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