Le temps du deuil : quand la vie apprend à respirer autrement
- Patricia Ferrante
- il y a 46 minutes
- 3 min de lecture

Une consœur #sophrologue m’a récemment invitée à répondre à quelques questions sur le rapport au #temps dans le #deuil. Ces échanges ont fait naître une réflexion plus large que j’avais envie de partager ici.
Quand la mort survient, le temps s’arrête. Il se fige, se suspend. Le temps linéaire, celui des horloges et des calendriers, perd tout son sens. On entre dans une bulle où tout semble au ralenti, pendant que les autres reprennent le cours de leur vie. Ce figement contient souvent la déferlante émotionnelle à venir. Puis arrive le temps de l’attente : celle des “premières fois” — anniversaires, fêtes, saisons — redoutées et traversées en apnée. Et cette deuxième année, qu’on espère plus douce, peut parfois foudroyer de plein fouet, chute inattendue qui renvoie des mois en arrière, dans une douleur plus consciente, plus nue.
Le rapport au #temps est profondément ambivalent : on voudrait aller vite, vite mieux, vite comme avant, tout comme le souffle la société, alors que le #deuil invite à « prendre son temps ». Dans le même temps, on a l’impression que rien n’avance, que cela ne finira jamais. Ce temps-là n’obéit ni à la chronologie ni à la logique : il est celui du cœur et de l’âme.
En #sophrologie, j’aide à apprivoiser ce temps kairos, ce temps intérieur où le cœur se panse et la vie se réinvente lentement. Par le souffle, le corps, la présence, chacun réapprend à habiter le temps plutôt qu’à le fuir, jusqu’à sentir à nouveau le mouvement de la vie sous la surface du chagrin.
Le #processus de #deuil, lui, n’est jamais linéaire. Le temps est capricieux en période de deuil. L’endeuillé est emporté dans un va-et-vient constant entre un présent subi, accablant, oppressant, un passé regretté et parfois idéalisé, et un futur anxiogène, si différent des projets anticipés.
La #sophrologie aide à traverser ce chaos temporel : à s’ancrer dans le #présent, à retrouver la capacité de se projeter, à revisiter le #passé pour clôturer les « unfinished business » et en extraire son #héritage émotionnel, puis à redéfinir ce qui fait #sens et comment l’incarner.
Quant aux #émotions, elles sont tout aussi chaotiques, se métamorphosant d’un instant à l’autre. Elles bataillent dans un espace intérieur vacillant, secoué par l’insécurité. Alors, au fil des séances, on sent que lorsque la #sécurité s’ancre dans le corps, l’esprit s’en saisit pour commencer à (ré)ouvrir des possibles.
La régularité crée un socle, tandis que le vécu de chaque séance ouvre un espace de #sens, de paix, de rencontre avec soi. ce sont ces mots là que les endeuillés.es prononcent souvent en fin de séance. Un espace que l’endeuillé·e croyait ne jamais plus ressentir. Peu à peu, ça bouge à l'intérieur, ça se transforme.
Dans ma posture de formatrice, j’invite les #sophrologues à faire du temps un allié. Le temps des protocoles figés est obsolète dans cet accompagnement. Connaître les différentes phases du #deuil est essentiel, mais bien insuffisant pour accompagner un parcours fait de chemins de traverse. L’accompagnement au deuil demande d’incarner notre principe d’adaptabilité, car nous sommes invités à marcher « à côté, ni devant, ni derrière » la personne en deuil. À lui donner ce temps que la société, et bien souvent ses proches aussi, ne lui donnent pas. À lui offrir le #temps de ressentir son vécu intime et d’apprendre à se rencontrer, elle qui ne sera plus jamais tout à fait la même.
Dans ma posture d’accompagnante, j’incarne cette même présence ajustée : celle qui offre un espace sécurisé, doux et vivant, où l’ #endeuillé.e peut se déposer, sans être jugé ou bousculé. J’apporte de la stabilité quand tout vacille, du souffle quand l’émotion étouffe, du mouvement quand la vie semble figée. J’aide les endeuillés à retrouver en eux une sécurité, une confiance en leur rythme et à s’affranchir de la pression extérieure qui voudrait qu’ils “aillent mieux”, “tournent la page” ou reprennent le cours de leur #vie plus vite que leur cœur ne le peut.
Mon rôle n’est pas d’accélérer, mais d’accompagner : être ce témoin bienveillant et ce « tuteur de résilience » qui marche à côté, le temps qu’il faut, jusqu’à ce que le sentiment de vie retrouve un passage.
C’est de cette vision qu’est né PasSages, mon #programme d’accompagnement du deuil : un chemin pour retrouver sécurité, mouvement et sens. Un espace pour apprivoiser le temps du deuil, et peu à peu, renouer avec le #temps de la #vie.
En savoir plus sur PasSages: https://ressource.en-vie.lu/passage
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